Si l’on se réfère au numéro d’Esprit de 1969 consacré à l’architecture, une chose nous frappe d’emblée : le caractère profondément dévalué de la figure de l’architecte, pris en étau entre ses deux concurrents directs que sont l’ingénieur d’une part et le promoteur d’autre part. L’architecte est une figure triste ; il apparait replié sur son Ordre faute d'avoir pris à temps rendez-vous avec les enjeux culturels de la modernité montante, et la crise de Mai 68 est encore trop chaude pour mûrir et donner ses fruits. « Avons-nous encore besoin d'architectes ? », demandait-on alors. Si le sort de l'urbain ne se décide plus qu'en fonction des lois du marché, si l'on n'attend plus de l'architecte qu'une signature au bas d'un calque, qui pourrait raisonnablement prétendre, plus de quinze ans après, que la question n'a plus de pertinente. Le bilan dressé par François Choay, qui évalue la production architecturale de 1950 à 1975 en démontre l’actualité.